Le Groupe de recherche en droit et économie politique et le Centre de recherche en droit public ont le plaisir de vous inviter au cycle de conférences de l’automne 2025 et l’hiver 2026 « La part d’ombre du constitutionnalisme »
Descriptif
Les textes constitutionnels nourrissent bien souvent l’imaginaire d’un peuple aspirant à l’émancipation, au progrès social et à l’égalité, et sont vus comme des garde-fous contre les excès supposés du souverain. Mais sont-ce bien les pouvoirs arbitraires du roi que les constitutions ont historiquement cherché à circonscrire, ou bien les changements économiques d’ampleur que suppose un gouvernement populaire, à savoir une distribution alternative des richesses ?
Les constitutions se sont fréquemment révélées des instruments de domination, donnant la priorité aux droits dits « économiques » (au premier chef la notion de propriété privée) sur les droits dits « sociaux » (droit du travail notamment), alors même que ces derniers n’étaient pas fondamentalement voués à être opposés. Comment dès lors caractériser les rapports ambigus, les tensions qui existent entre le constitutionnalisme et la démocratie ? Qu’entend-on par la défense de l’« État de droit » ? Que cherche au juste à protéger la constitution : la souveraineté du peuple, ou le libre fonctionnement du marché ?
Le constitutionnalisme représente-t-il donc vraiment la panacée démocratique, comme cela est souvent prétendu ? N’aurait-on pas affaire, en ce qui concerne la constitution, à une forme de sacralisation, voire de « fétichisme » pour reprendre le terme de Lauréline Fontaine ? Les constitutions sont-elles véritablement capables de faire advenir les idéaux de progrès social et d’émancipation qu’elles proclament ? Ou bien ne sont-elles mobilisées que pour dépolitiser les revendications sociales qui menaceraient la répartition existante des richesses ?
Signification profonde du concept d’« État de droit », critique du contrôle juridictionnel de constitutionnalité des lois et de la prétendue non-justiciabilité des droits économiques et sociaux, vertus analytiques et limites démocratiques du concept de constitutionnalisme global, leçons du droit constitutionnel comparé, place prépondérante accordée aux droits individuels aux dépens des droits collectifs, tensions entre démocratie et technocratie …
Des questions fondamentales qui seront explorées au cours de quatre conférences passionnantes avec Martin Loughlin (London School of Economics), Lauréline Fontaine (Université Sorbonne Nouvelle), Guillaume Grégoire (Université de Liège) et Guy Azebové Tetang (Université de Montréal).
Informations pratiques
THOUGHTS ON THE DEGENERATION OF DEMOCRACY AND REGENERATION OF CONSTITUTIONALISM
Quand : Jeudi 20 novembre 2025, 16h30
Où : Salle A-3421 (Faculté de droit, Université de Montréal)
Format : Sur place, avec enregistrement
Inscription : Gratuite mais obligatoire (lien d’inscription bientôt disponible)
LES FABLES DU CONSTITUTIONNALISME : ESSAI D’INVENTAIRE
Quand : Mardi 16 décembre 2025, 16h30
Où : Salle A-3421 (Faculté de droit, Université de Montréal)
Format : Sur place, avec enregistrement
Inscription : Gratuite mais obligatoire (lien d’inscription bientôt disponible)
LA CONSTITUTION ÉCONOMIQUE : ASPIRATIONS DÉMOCRATIQUES, BLOCAGES TECHNOCRATIQUES ?
Quand : Mardi 17 mars 2026, 16h30
Où : Salle A-3421 (Faculté de droit, Université de Montréal)
Format : Sur place, avec enregistrement
Inscription : Gratuite mais obligatoire (lien d’inscription bientôt disponible)
LE « POLYMORPHISME CONSTITUTIONNEL » EN AFRIQUE
Quand : Mercredi 1er avril 2026, 16h30
Où : Salle A-3421 (Faculté de droit, Université de Montréal)
Format : Sur place, avec enregistrement
Inscription : Gratuite mais obligatoire (lien d’inscription bientôt disponible)
Biographie des conférenciers
MARTIN LOUGHLIN
Martin Loughlin is Professorial Research Fellow and Emeritus Professor of Public Law at the London School of Economics & Political Science. His most recent publications are Advanced Introduction to Political Jurisprudence (Elgar, 2025), The British Constitution: A Very Short Introduction (OUP, 2nd edn 2023), and Against Constitutionalism (Harvard, 2022).
https://www.lse.ac.uk/law/people/academic-staff/martin-loughlin
LAURÉLINE FONTAINE
Professeure à la Sorbonne nouvelle, membre du laboratoire ICEE, Lauréline Fontaine observe le droit et la technique du droit au regard de ses ambitions et effets humains et sociaux, en déconstruisant notamment les discours du droit et à propos du droit. Si elle mène un travail au long cours sur les dispositifs de droit en général, elle a publié des travaux sur le droit constitutionnel, ses représentations et son rôle dans la structuration des sociétés politiques modernes : après La constitution maltraitée. Anatomie du Conseil constitutionnel (Amsterdam, 2023), elle fait paraître La constitution au XXIè siècle. Histoire d’un fétiche social le 15 janvier 2025 (Amsterdam). Une grande partie de ses recherches est accessible sur le site www.ledroitdelafontaine.fr, qu’elle anime depuis 2016.
GUILLAUME GRÉGOIRE
Guillaume GRÉGOIRE est docteur en sciences juridiques et chercheur en droit économique et théorie du droit à la Faculté de droit, de Science politique et de Criminologie de l’Université de Liège (Belgique). Chercheur invité au Centre de droit européen de l’Université Paris-Panthéon-Assas (2018) et au Max-Planck-Institut für Innovation und Wettbewerb de Munich (2019), il est qualifié depuis 2025 aux fonctions de Maître de conférences en droit public (section 02).
A l’intersection du droit économique, de l’histoire des pensées juridique et économique et de la philosophie politique, ses recherches ont porté principalement sur le phénomène de constitutionnalisation de l’économie, qu’il étudie en utilisant à la fois une méthode comparative (étude des systèmes juridiques belge, français, allemand et européen) et une approche contextuelle (étude des influences théoriques et historiques à l’origine du phénomène). Dans le prolongement de ses précédentes recherches, il poursuit actuellement, en tant que chargé de recherche F.R.S.-FNRS, un projet postdoctoral sur la généalogie et les institutions de la démocratie économique.
GUY AZEBOVÉ TETANG
Guy Azebové Tetang est titulaire d’un doctorat en droit public de la Faculté de droit de l’Université de Montréal. Il est l’auteur d’une thèse portant sur l’imaginaire constitutionnel en Afrique subsaharienne, qui a reçu une mention spéciale du prix 2024 de l’Association des hautes juridictions de cassation des pays ayant en partage l’usage du français (AHJUCAF).
Il enseigne actuellement le droit constitutionnel, la théorie du droit, les libertés publiques, le droit administratif, ainsi que l’interdisciplinarité et l’interculturalité au sein de cette même institution. Il a également enseigné à la Faculté de droit (Section de droit civil) de l’Université d’Ottawa. En 2018, il a été chercheur invité au Centre d’Études et de Recherches Comparatives sur les Constitutions, les Libertés et l’État (CERCCLE), rattaché au Département de droit et transformations sociales de l’Université de Bordeaux. En 2019, il a poursuivi ses recherches à l’Institut Max Planck d’anthropologie sociale, au sein du département de droit et d’anthropologie, à Halle (Saale), en Allemagne
Il est l’auteur de plusieurs publications portant sur des thématiques variés, notamment en droit constitutionnel, droit comparé, la théorie du droit.