Vous trouverez ci-dessus la conférence « Le cerveau humain, un nouveau champ de bataille géopolitique » du Pr Thomas Flichy de la Neuville (Institut d’histoire du droit de Poitiers) dans le cadre du cycle de conférences annuelle de la Chaire Lexum « Cycle annuel 2023-2024 de conférences Chaire LexUM : La géopolitique de la régulation du numérique – Enjeux normatifs et stratégiques. »
Conférencier:
Ancien élève en persan de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales, Thomas Flichy de La Neuville est agrégé d’histoire et docteur en droit. Ses travaux de recherche portent sur le monde iranien et sa connexion avec les aires culturelles russe et chinoise. Il a enseigné successivement à l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux, à l’École Navale, à l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr puis à Rennes School of Business où il a été nommé titulaire de la chaire de géopolitique. Habilité à diriger des recherches, il est membre de l’Institut d’histoire du droit de l’Université de Poitiers. Il intervient régulièrement à l’étranger, notamment à l’Université d’Oxford et à la Landesverteidigungsakademie (Vienne).
Résumé:
N’en déplaise aux amateurs de révélations spectaculaires, le magnétisme exercé par internet sur nos cerveaux ne relève en rien du prétendu génie technique des informaticiens californiens. En réalité, la puissance d’aimantation des écrans sur notre esprit est due à l’exploitation rationnelle et systématique des découvertes opérées sur le conditionnement animal et humain depuis le deuxième tiers du XIXe siècle. C’est en effet l’exploitation intelligente des classiques qui a permis à l’ingénierie sociale de divertir radicalement notre attention de ce pour quoi elle était initialement programmée : repérer les dangers imminents afin de protéger le groupe ou la tribu, se concentrer de manière durable sur un objet afin de le plier par son art à un emploi utile, entrer en communication avec autrui en se mettant à l’écoute des multiples langages du corps, et surtout scruter les mystères de l’Au-delà, par-delà l’écoulement rapide de la vie terrestre. C’est ainsi qu’en l’espace de deux décennies, la technologie informatique est devenue un écran entre l’homme et l’Éternité. Que nous le désirions ou non, l’internet global prospère sur la reductio ad bestiam de l’espèce humaine. Aussi serons-nous traités avec autant d’égards que le chien de Pavlov, le rat de John Watson ou le pigeon de Frédéric Skinner. Toutefois, une immense amélioration a été apportée depuis l’entre-deux-guerres : internet étant alimenté en permanence par nos goûts personnels, ses ingénieurs sociaux pourront nous orienter avec bonheur sur les sites et espaces virtuels révélant notre part d’animalité.