C’est avec tristesse que l’équipe du Centre de recherche en droit public a appris le décès, hier, le 3 septembre 2025, de l’un des siens : notre collègue et ami Guy Rocher.
Pour le CRDP et ses membres – actuels et passés – Guy Rocher a été bien plus que cette figure marquante de l’histoire moderne du Québec, décrite dans les nombreux hommages qui lui ont été consacrés au cours des dernières heures. Si sa contribution à l’avancement de la société québécoise, de par sa participation à la Commission Parent, son rôle dans l’adoption de la Charte de la langue française, et j’en passe, mérite d’être soulignée et célébrée, le présent hommage se veut plus personnel.
Pour les étudiants qu’il a encadrés et auxquels il a enseigné, pour les collègues qui ont eu le plaisir de collaborer avec lui et pour les membres du personnel du Centre qui ont eu le plaisir de le côtoyer, Guy Rocher n’était pas seulement ce personnage d’une grande érudition que l’on voyait commenter dans les médias. C’était un homme aimable, généreux et d’une humilité telle que l’on était en droit de se demander s’il réalisait lui-même l’importance du rôle qu’il a joué dans le façonnement de la société québécoise et de notre Centre.
En effet, le CRDP doit beaucoup à Guy Rocher. Entre 1976, alors que Andrée Lajoie invita pour la première fois ce jeune sociologue à contribuer aux travaux du Centre, jusqu’en 2022, lors du lancement de son Traité de sociologie du droit, Guy Rocher aura contribué à plusieurs dizaines de projets de recherche, collaboré avec d’innombrables collègues et formé des centaines d’étudiants. Surtout, il aura contribué à créer le CRDP d’aujourd’hui : un centre interdisciplinaire où sont menés d’importants projets collaboratifs.
Dans une entrevue accordée à Virginie Mesguish, alors conseillère aux relations avec les diplômés de la Faculté de droit de l’Université de Montréal, mais surtout ancienne responsable des communications du Centre de recherche en droit public et ancienne étudiante de Guy Rocher, ce dernier lui a confié que sa principale contribution au CRDP aura été « celle d’avoir participé à la création du cadre conceptuel du Centre et de ses axes de recherche au milieu des années 1980, mais également le fait d’avoir contribué à populariser l’idée du pluralisme juridique ». Cette idée se retrouve au cœur du concept de l’« École de Montréal » et fait aujourd’hui partie de l’ADN du CRDP. Guy Rocher y est pour beaucoup.
Malgré la triste annonce du décès de notre collègue et ami, son œuvre demeure et se perpétue. Elle transparaît dans les travaux des chercheurs qui lui ont succédé, des étudiants qu’il a formés et des récipiendaires de la bourse qui porte son nom.
Sur une note plus personnelle, comme tous les membres du CRDP qui ont eu le plaisir de côtoyer Guy Rocher, j’ai réagi à la nouvelle en pensant d’abord à sa famille, puis en versant quelques larmes pour la perte d’un collègue que j’ai tant apprécié. Aujourd’hui, si la tristesse demeure, je choisis de célébrer celui qui a tant donné à notre Centre – à son Centre – et de simplement dire… Merci Guy.
 
Nicolas Vermeys
Directeur du Centre de recherche en droit public